Pourquoi une société qui donne l’accès gratuit aux ressources est-elle meilleure? L’exemple des SDF

Pourquoi laisser un SDF à la rue coûte-t-il plus cher à la société que de lui donner l’accès gratuit à un logement? Et quelle conclusion peut-on en tirer sur la société actuelle? “Le risque d’avoir une maladie mentale est multiplié par dix quand on vit dans la rue”, constate Pascal Auquier, professeur de santé publique et de médecine sociale. Lorsque l’on a pas de logement, il est bien plus difficile de s’intégrer et de trouver un travail. On ne peut pas se laver, se mettre au chaud ou se reposer correctement. Beaucoup de SDF consomment des drogues et de l’alcool pour éviter de se confronter à la dureté du quotidien. Dans la rue, on se bat, on se blesse, on tombe malade en permanence, et parfois on va à l’hôpital juste pour dormir au chaud. Ainsi, sur une année, un SDF atteint de troubles mentaux – soit environ la moitié des gens à la rue – coûte 17.000 euros à l’Etat alors que de nombreux logements sont vides.

En effet, il faut souvent faire appel à une intervention des pompiers qui peut coûter de 240 € à 357 €. Une admission aux urgences coûte quant à elle 220€, alors que nos services hospitaliers sont déjà débordés. Ce qui représente un total de plus de 550 € de dépenses pour l’Etat.

En réalité le coût social du mal logement est supérieur à celui qu’aurait la mise à disposition d’un logement gratuit, car il y a aussi une perte dûe au coût d’opportunité: les médecins et les pompiers auraient pu travailler sur une autre tâche plus utile, et parce que ces personnes en ayant ds conditions de vie plus dignes auraient pu plus facilement s’intégrer pour participer à la vie sociale.

Pourquoi n’y a-t-il pas un droit au logement pour tous? Car il y a un esprit d’individualité et de jalousie latente dans la société actuelle. D’ailleurs le SDF a une fonction sociale : celle de dire “respectez les règles, travaillez sans broncher et restez droit dans les clous sinon voilà comment vous finirez “. L’une des idées les plus abjectes est celle qu’une société où pour que tout fonctionne au mieux tout doit se mériter en amont.

Nous vivons aujourd’hui dans une société qui a créé tout un tas de fonctions inutiles pour pouvoir perpétuer ce système monétaire bancale alors qu’il serait bien moins cher et bien plus efficace de garantir l’accès gratuit pour tous aux ressources nécessaires à un haut niveau de vie. Par exemple, quand vous allez faire vos courses, la quasi-totalité du prix que vous payez ne va en fait que pour payer des gens faussement utiles qui n’ont pas créé de valeur. Aujourd’hui sur 100€ de courses, seulement 6,5€ sont distribuées à l’agriculteur. 


Quand vous achetez un paquet de céréales vous devez payer pour le salaire de la caissière, le salaire du vigile, le salaire de l’ingénieur qui a fait le trminal de paiement, le salaire de l’équipe marketing qui a créé l’emballage, le salaire de l’acheteur, le salaire du négociateur, le salaire de l’équipe de publicité, le salaire des banquiers qui ont prếtés de l’argent aux acteurs pour les entrepôts, les camions ou le tracteur, le salaire du trader qui a négocié les céréales sur le marché des matières premières, les dividendes des actionnaires de toutes ses entreprises, le salaire du gardien de nuit de la société de transport, le salaire des ingénieurs qui ont créé les systèmes de vidéo surveillance du supermarché et du transporteur, le salaire du cabinet d’audit chargé d’inspecter la banque, le salaire du personnel des ressources humaines qui ont été chargés de recruter toutes ses personnes, le salaire du comptable de l’agriculteur, le salaire du comptable du transporteur, la salaire du comptable du distributeur, le salaire des comptables de la banque du trader, celui de la banque prêteuse, le salaire de l’informaticien qui a mis en place le logiciel pour le trader et pour le banquier, le salaire des fonctionnaires du trésor public chargés de vérifier la comptabilité de chacune de ces entreprises, le salaire du comptable de ce trésor public, le salaire des professeurs qui les ont formés pendant de nombreuses années d’études etc.

Le problème est en réalité bien pire car il y a aussi une perte du point de vue du coût d’opportunité. En effet tous ces acteurs auraient pu être assignés à faire des tâches, elles, utiles, comme nettoyer l’environnement, ou faire des métiers qui créent vraiment de la valeur comme personnel dans l’humanitaire, technicien, médecin, ingénieur etc.
C’est aussi sans compter le coût environnemental de tous ces métiers qui pourraient être inutiles, puisque beaucoup de travailleurs doivent se déplacer avec leur voiture pour se rendre sur le lieu de travail. Les bâtiments abritant ces fonctions demandent des ressources pour les construire, idem pour le matériel informatique, les meubles, la consommation en énergie. Tout ça pour ça.
A l’époque de l’automatisation et de la technologie de pointe qui permettent de créer en abondance les ressources, bien et services à un coût dérisoire, il serait bien plus efficace de garantir la distribution gratuite de la nourriture mais aussi des autres ressources. Il est honteux de constater nos méthodes archaïques quand tant de gens souffrent de pauvreté et que 25000 personnes meurent de faim par jour dans le Monde.

Pierre-Alexandre Ponant

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