Quels sont les problèmes du système monétaire actuel?

Ils sont très nombreux. Notre Économie est basée sur les profits, c’est-à-dire que la motivation de chaque action économique est de faire du profit. L’aspect du bien-être humain n’est pas directement pris en compte, ni celui du respect de la nature. Prenons l’exemple des salaires. Une entreprise aura toujours intérêt à payer ses salariés le plus bas possible, quelque soit la valeur qu’ils créent pour l’entreprise. Si une entreprise plus éthique cherche à avoir des valeurs plus éthiques en versant un meilleur salaire à ses employés, en leur mettant moins de pression, en ne défiscalisant pas dans les paradis fiscaux, elle fera moins de bénéfices. Elle va disparaître face à la concurrence de l’entreprise qui pourra vendre ses produits moins chers. Bien qu’il y ait des exceptions, l’entreprise voyou s’en sortira toujours globalement mieux.

Un employé sera généralement payé beaucoup plus bas que sa vraie valeur économique, car il négocie son salaire dans un faux rapport de force : avec un pistolet sur la tempe. Quand on propose un bas salaire à quelqu’un avec peu de qualifications, il aura souvent la contrainte de l’accepter par défaut, car s’il ne gagne pas d’argent il ne pourra pas se loger ou nourrir sa famille.

Avec ce plus bas salaire, on va lui imposer un autre pistolet sur la tempe:  celui du prix de l’immobilier. Personne n’a envie de vivre dehors, et les prix des loyers sont fixés par le jeu de l’offre et la demande avec ce qu’un individu est prêt à payer pour se loger. Or un individu sera toujours prêt à mettre la somme qui lui reste une fois la nourriture et les factures payées, car il ne voudra jamais dormir dehors, et donc les prix seront mécaniquement tirés le plus haut possible jusqu’à laisser le citoyen avec juste de quoi survivre. C’est ce qui fait que le problème de la pauvreté ne pourra jamais être réglé dans une économie basée sur le profit, car elle construit mécaniquement cette pauvreté. C’est ce qui fait aussi que les gens ne pourront pas tous choisir les produits les plus éthiques, plus chers, et seront contraints d’acheter les produits des entreprises voyous. Si quelqu’un a à peine de quoi manger, il ira naturellement plus acheter du poulet d’élevage intensif, maltraité qui n’aura jamais vu la lumière de sa vie qu’un poulet biologique élevé en plein air.

Un autre problème essentiel est celui de l’intérêt bancaire. Aujourd’hui 80% de l’argent qui est gagné dans le monde n’est pas gagné par le travail, mais est gagné sans rien faire en percevant des intérêts bancaires. L’intérêt bancaire est d’ailleurs quelque chose qui est déclaré comme immoral par de nombreuses religions.
Comment en est-on arrivé là et est-ce-que l’intérêt bancaire est un concept justifié?

Il faut d’abord comprendre une chose: ce n’est pas la somme d’argent qui fait sa valeur, mais la vitesse de circulation de la monnaie. Prenons un exemple théorique simple pour l’illustrer. La société n’est composée que de 2 agents économiques en tout et pour tout. Monsieur A et Monsieur B. Monsieur A produit des légumes et Monsieur B produit du pain. Postulons aussi que cette société possède en tout et pour tout une somme d’argent totale de 10€ que l’on va remettre à Monsieur A.

Avec ces 10€, Mr A va pouvoir acheter 10€ de pain à Mr B, qui en aura produit la quantité équivalente. En recevant ces 10€, Mr B pourra acheter pour 10€ de légumes. Puis Mr A, rachète la semaine d’après 10€ de pain avec son billet. Mr B utilisera encore ces 10€ pour s’acheter 10€ de légumes etc. Imaginons qu’ils se soient échangés 100 fois ce billet. La vraie valeur créée est de 1000€, car ils auront produit pour 1000€ d’équivalent de marchandise, et non pas 10€. C’est donc bien le fait que l’argent circule qui crée la véritable valeur économique.

Si une personne planque 1000 000€ sous son matelas, ça n’est pas 1000 000€ qui sont perdus, mais le nombre de fois 1 millions que cet argent aurait pu circuler dans l’année (en réalité ça n’est pas exactement cela mais on simplifie ici à titre d’illustration). C’est pour cela que tous les économistes savent qu’il est essentiel que l’argent circule, que si une personne dispose d’un surplus, il faille l’inciter à le placer sur le marché pour le faire circuler. C’est ce qui arrive quand vous placez de l’argent à la banque, qui est investi sur les marchés financiers.

Mais est-il bien juste que de l’argent soit gagné de cet manière et peut-on procéder autrement?

Si par exemple quelqu’un peut placer 1 million d’euros à 4%, il gagnera 40 000 € par an sans rien faire, alors qu’un jeune ingénieur devra avoir fais 5 ans d’études et être allé durement travailler tous les matins pour gagner la même somme. Est-ce bien juste?

Le Mouvement EBR propose en transition avec le système actuel une approche beaucoup plus juste et intéressante, et qui a déjà été testée avec succès au cours de l’histoire, le concept d’intérêts négatifs ou de monnaie fondante. Celui-ci pourra d’ailleurs être couplé à une cryptomonnaie open source.

L’argent est en réalité un bien public, et sa circulation qui en fait aussi sa valeur. Elle ne devrait pas être empếchée sous la condition de faire un racket (l’intérêt bancaire). Si demain des grévistes viennent bloquer toutes les routes de France pour empêcher les gens d’aller travailler et réclament une somme d’argent pour passer, la police interviendrait pour déloger ces fauteurs de troubles. Ils devraient en être de même pour les gens qui empêchent l’argent de circuler en mettant en place un intérêt négatif. Si quelqu’un refuse de placer son argent à la banque, et donc, dans le circuit économique, il serait pénalisé par un intérêt négatif, ce qui lui ferait perdre de l’argent. S’il joue le jeu, son argent est garanti par l’Etat, et il ne perdra rien. Cela empêchera la spéculation et le fait que l’argent soit gagné de manière injuste par la finance. Cela permettra aussi au travail d’être récompensé contrairement à la rente.

Un autre problème du capitalisme est qu’il ne permet pas aux ressources d’aller là où on en a besoin. Elles se dirigent là où on peut faire du profit. C’est pour cela qu’aujourd’hui des investisseurs sont prêts à payer 222 millions d’euros pour s’acheter Neymar et faire du profit plutôt que de sauver les 25 000 personnes qui meurent de faim chaque jour. Un système économique comme celui du revenu de base ne règlerait pas ce problème, car les riches n’iront pas mettre leur argent pour sauver les gens dans le besoin. Dans une EBR les ressources iraient naturellement là où on en a besoin, pour les hôpitaux, pour nourrir les gens, pour créer une bibliothèque de prêt d’objets…

Le modèle capitaliste est un modèle basé sur une croissance infinie qui ne tient pas compte dans l’équation du fait que la Terre ait des ressources limitées. Les scientifiques ont calculé un jour qu’on appelle le “ Jour du dépassement “. Il s’agit du jour de l’année où l’homme a consommé ce que la Terre est capable de produire. En 2019 c’était le 29 Juillet, et cette date recule chaque année à vitesse grand V. Il suffirait par exemple que les abeilles disparaissent pour plonger le monde dans une catastrophe absolue, car elles sont en lien avec 70% de la production mondiale de fruits et de légumes via le processus de pollinisation. L’Économie Basée sur les Ressources prend dès le départ en compte cet aspect en limitant au maximum la production aux capacités de renouvellement des ressources naturelles et en laissant l’empreinte écologique la plus faible possible. L’EBR élimine aussi la rareté, ce qui permet à tout citoyen d’avoir toutes les ressources nécessaires pour vivre, sans qu’il y ait besoin d’un système financier pour allouer le produit au plus offrant par le jeu de l’offre et de la demande.

On peut encore citer d’autres problèmes générés par le système monétaire :


L’argent interfère entre ce dont nous avons besoin et ce que l’on est en mesure d’obtenir. Ce n’est pas d’argent dont les gens ont besoin, mais d’un accès aux ressources ;

– De l’usage de l’argent résulte la stratification sociale et l’élitisme qui sont fondés principalement sur la disparité économique ;

– La plupart des gens sont esclaves d’emplois qu’ils n’aiment pas, et ce uniquement parce qu’ils ont besoin d’argent pour obtenir des ressources ;

– Le besoin d’argent engendre la corruption, la cupidité, le crime, les détournements de fonds  ou le lobbying pour persuader le gouvernement de voter des lois qui servent les intérêts des grands groupes;

– Ceux qui contrôlent le pouvoir financier exercent une plus grande influence ;

– L’argent est utilisé afin de contrôler le comportement de ceux qui ont un plus faible pouvoir d’achat ;

– Des ressources sont parfois détruites pour maintenir les prix à la hausse. En effet, plus une chose est rare, plus elle est chère ; Cela a notamment été le cas au niveau alimentaire en Afrique et a entraîné de nombreuses famines.

–  Le gaspillage des matériaux est énorme, tout comme la pression exercée sur les ressources. Cela est en partie dû à des modifications régulières superficielles d’objets ou de systèmes. Il s’agit de susciter un engouement pour des produits plus récents afin de créer des flux ininterrompus de marché pour les fabricants ;

–  L’importante dégradation de l’environnement trouve sa cause dans le coût trop élevé de meilleures méthodes de traitement des déchets

– Seules les personnes qui ont un pouvoir d’achat suffisant profitent des bienfaits de la technologie, et de certains biens et services.

Pierre-Alexandre Ponant

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