Pourquoi le terme de “décroissance” n’a aucun sens dans une Économie Basée sur les Ressources (EBR)?
Aujourd’hui on oppose 2 mondes, celui de la croissance économique et celui de la décroissance qui serait la seule alternative pour respecter les impératifs écologiques et sauver la planète. Le monde de la décroissance est souvent associé à une sorte de retour au monde passé, dans lequel chacun ferait son propre potager, tricoterait des pulls à la main et circulerait lentement à vélo alors que nos scientifiques ont pu produire des technologies de pointes pour améliorer le quotidien de l’homme.
Pourquoi les partisans de ces deux théories sont à côté de la plaque? N’y a-t-il pas une 3ème voie plus raisonnable? Nous allons voir que oui, et nous allons comprendre pourquoi ces 2 modèles sont dans l’erreur car ils ne raisonnent qu’en terme “économique” et non en terme de “ressources” comme nous le faisons dans le modèle de l’Économie Basée sur les Ressources (EBR).
Le problème du modèle de la croissance et de l’économie de marché.
La “croissance” est une manière obsolète de juger de la performance d’une société. En effet, le but de toute société est de permettre de maximiser le bonheur humain tout en respectant les capacités de renouvellement des ressources planétaires et ses impératifs écologiques.
Or la production de valeur économique est loin d’être toujours corrélée au niveau de vie et au bien-être. En effet, si une entreprise produit 30 fois plus de biens pour les vendre, alors qu’on aurait pu en produire moins pour les mettre à disposition dans une bibliothèque de prêt d’objets, avec un usage exactement équivalent pour le citoyen, on comptabilisera cela comme un gain économique 30 fois supérieur. Pourtant, on aura juste consommé 30 fois plus de ressources, ce qui aura eu un impact écologique négatif et aura engendré une charge de travail supplémentaire pour la société, donc moins de temps libre.
Si l’on produit plus de téléphones car on fait en sorte qu’ils cassent plus vite avec l’obsolescence programmée, on augmentera la rentabilité des entreprises et on augmentera le PIB.
Si on accentue la pollution des rivières et que cela déclenche de nouveaux cas de cancers, on produira plus de médicaments et de services médicaux, ce qui sera comptabilisé en terme positif pour le PIB.
Si l’on crée des métiers ou des besoins inutiles comme le marketing ou la vente de produits de luxe, on améliore encore une fois le PIB.
Le PIB ne mesure pas non plus le bien-être créé par les activités non marchandes – comme l’art ou les activités altruistes (par exemple le logiciel libre) -, les activités bénévoles, ou encore la production domestique assurée au quotidien au sein de la famille.
L’augmentation du PIB n’est donc en aucun cas un indicateur performant de l’amélioration de la qualité de vie humaine et du respect des impératifs écologiques.
Il faut alors se poser la question suivante : qu’est ce qui permet d’améliorer le bien-être humain et la durabilité écologique? C’est l’accès aux ressources permettant d’avoir un haut niveau de vie. C’est-à-dire la technologie, la nourriture de qualité, le logement, les biens, les services, le tout dans un processus de production soutenable et écologique. C’est exactement ce que propose l’Économie Basée sur les Ressources. Elle ne cherche pas à mesurer les flux financiers, mais à améliorer la qualité des flux de ressources, en supprimant naturellement les métiers et besoins inutiles avec un modèle de gestion holistique et écologique des ressources basé qui s’inspire du fonctionnement du corps humain. Tout fonctionne en harmonie, dans un système circulaire et soutenable.
Cette manière de gérer les ressources permet d’augmenter le niveau de vie de tout un chacun sans avoir à imaginer un monde de “décroissance” dans lequel on est obligé de rogner sur son bien-être et son confort.
Les chantres de la décroissance n’ont rien compris.
De la même manière que les chantres de la croissance n’ont rien compris en proposant un monde basé sur l’exploitation infinie des ressources dans un monde qui est fini, les chantres de la décroissance n’ont pas compris qu’il était possible d’améliorer la qualité de vie sans nuire à l’environnement en gérant mieux les ressources de la planète. Ils ne s’intéressent qu’aux flux financiers puisqu’ils restent dans une logique d’inversion de la croissance et d’une économie de marché qui serait plus passéiste.
On peut pourtant faire plus avec moins.
Dans une EBR on utilise une méthode scientifique de gestion des ressources qui permet de faire plus avec moins.
Les nouvelles villes seront des villes en forme de cercle ultra végétalisées dans lesquelles on peut être partout en moins de 10 min grâce à un système de transport en commun de type tramway sur coussin d’air ou à lévitation magnétique. La forme circulaire de la ville permet de minimiser les distances ce qui permet un déplacement aisé et rapide sans avoir besoin de recourir à la voiture ou à un mode de transport lent comme le vélo.
Tout le monde n’aurait pas besoin de cultiver des tomates sur son balcon puisque les fermes verticales aquaponiques et bioponiques placées tout autour de la ville permettraient d’obtenir, avec un haut rendement, de la nourriture gratuite pour tous les habitants de la ville.
Il est illusoire d’imaginer une société où chaque citoyen mettrait les mains dans la terre dans son propre potager pour se nourrir. Pour rappel, avant la mécanisation de l’agriculture et les années 1940, chaque paysan pouvait fournir en moyenne de la nourriture pour 1,5 personnes en y passant un temps conséquent. De plus, le modèle d’agriculture actuel en terre est responsable d’une déforestation et d’une perte de biodiversité massive. En effet 50% des terres françaises sont des terres agricoles et il ne reste qu’une seule forêt primaire en Europe en Pologne. On critique souvent le Brésil qui détruit l’Amazonie alors que l’on a déjà tué la nature depuis longtemps chez nous et l’on garde pourtant comme image d’Epinal de l’écologie le paysan dans son champ. Il serait beaucoup plus efficace d’avoir un système biologique et productif moderne capable de fournir de la nourriture pour tous. Cela n’empêchera personne de se consacrer à son potager personnel s’il le désire.
Le système industriel cherchera à maximiser l’automatisation et les critères de durabilité et d’impact écologique. Cela permettra de baisser considérablement le temps de travail sans pour autant imaginer une société d’artisanat où tout le monde devra tricoter son pull à la main pendant plusieurs jours pour pouvoir se vêtir. On a calculé que dans une EBR 97% des métiers actuels deviendraient inutiles où pourraient être automatisés.
Pierre-Alexandre Ponant
