Comment les ressources seront-elles distribuées équitablement entre les citoyens?

La distribution des marchandises se fera sans l’utilisation d’argent ou d’un quelconque  moyen d’échange, et sera accomplie grâce à des bibliothèques de prêt d’objet aussi appelées centres de distribution. Ils seront entièrement automatisés, gratuits, et il suffira de venir récupérer son objet ou de se faire livrer. Dans les nouvelles villes, la livraison sera quasi-instantanée grâce à un système de tube pneumatique à haute vitesse. Dans les anciennes villes elle se fera grâce à un système de livraison automatisée. Ce système d’accès incorpore tout ce dont les gens ont besoin tels que le logement, l’habillement, l’éducation, la santé, les loisirs, etc.

Pour les produits dernier cris, les objets seront dans des grands centres d’exposition publics, où les avantages des nouveaux produits sont expliqués et démontrés. On élimine ainsi le stockage et la maintenance individuelle de ces appareils. Il est beaucoup plus efficace d’emprunter des objets dont nous ne nous servons pas au quotidien, plutôt que d’en fabriquer beaucoup et qu’ils restent traîner la plupart du temps dans les garages.

Bien entendu, certains objets qui sont utilisés quotidiennement et qui sont à usage plus personnel pourront être récupérés sans devoir être rendus, qu’il s’agisse de produits de toilette, d’ampoules, de vêtements, etc.

Dans la phase finale de l’EBR, les ressources de la planète seront déclarées Héritage Commun de l’Humanité. Il n’est pas normal que de grandes entreprises comme Coca-Cola ou Nestlé s’approprient des réserves d’eau naturelles pour simplement les mettre en bouteille et les vendre au prix fort par rapport à ce que cela a réellement coûté. On paye d’ailleurs plus le coût de la publicité, des taxes et de l’administratif. Les Ressources naturelles doivent appartenir à tous et être utiles pour tous. Personne ne devrait avoir le droit de mettre un grillage autour d’une réserve de minerais pour le privatiser et dire “ceci m’appartient”.

Les matières premières destinées à la fabrication de produits pourront être directement acheminées vers les infrastructures de production grâce à un système de transports automatisés à l’aide de bateaux, de monorails, de trains maglev, de pipelines et de tubes pneumatiques. Un système d’inventaire informatisé intégrera les centres de distribution et les infrastructures de production, coordonnant la production pour répondre à la demande. De cette façon, une économie à flux tendu pourra être maintenue. Pénuries, surproductions et gaspillages seront donc éliminés. 

En fin de compte, les biens et services seront produits en telles quantités que le coût de surveillance sera négligeable, car il n’y aura pas de désir de vol une fois l’abondance atteinte. De nos jours, il y a plus de 75% de pertes lors de la production de biens. Dans une Économie Basée sur les Ressources, toutes les pertes seront recyclées, et on pourra utiliser les principes de l’Économie Bleue de Gunter Pauli où les déchets sont revalorisés. Par exemple, le marc de café une fois consommé, peut être réutilisé pour faire pousser des champignons. Les restes alimentaires des futurs centres de restauration pourront aller au bétail, etc.

Une des priorités serait de concevoir des produits de la meilleure qualité possible pour qu’ils durent plus longtemps et ne requièrent que peu ou pas du tout de maintenance. Beaucoup de pièces électroniques utiliseront des composants modulaires pour une réparation pratique, puisqu’il suffira de changer la pièce défectueuse. Cette approche élimine considérablement le gaspillage. L’obsolescence programmée n’existera plus, puisqu’il n’y aura plus d’intérêt à faire de profit. Il en sera de même de l’obsolescence perçue, qui consiste à vous faire croire que vous n’ếtes plus à la mode, car vous n’avez pas la dernière couleur ou gadget d’un modèle, ni même de l’obsolescence intrinsèque où on utilise pas les pièces de la meilleure qualité possible par contrainte économique.

L’énergie pourra également être conservée dans le chargement et le déchargement des matériaux dans les systèmes de transport. Par exemple, au lieu de décharger séparément des conteneurs, toute une section de fret sera détachée du cargo et remplacée par une autre section pour que le bateau ne perde pas de temps sur le quai. Certaines usines de transformation pourront être intégrées sur les bateaux pour garantir une plus grande fraîcheur d’approvisionnement. La même méthode peut être appliquée pour les trains et les avions. Un train n’aura par exemple plus besoin de s’arrêter dans les gares intermédiaires. Le train complet ralentit, et le compartiment qui comprend les gens devant s’arrêter à cette gare se détachera pour remonter le long d’un rail et décharger les passagers. Un autre compartiment avec les passagers embarquant viendra se raccorder au train complet qui pourra repartir directement.
Dans un avion il y aura un compartiment pour les passagers et les bagages, qui peut être détaché de l’avion pour qu’une nouvelle section soit chargée, de sorte que le processus soit plus efficace. Tous les processus de transport seront gérés électriquement et on sortira des énergies fossiles.

Mais si les objets sont en prêt, les utilisateurs en prendront moins soin, ils pourront les rendre cassés ou abîmés?

Cela peut arriver mais cela créera moins de gaspillage qu’aujourd’hui. Il sera bien entendu pris en compte de l’usure naturelle, mais si un objet est dégradé, il y aura au début des avertissements. Si le comportement se répète, il y aura une interdiction temporaire d’accès à certains objets. Enfin, même si de temps en temps un objet casse ce sera toujours moins au détriment de la planète que dans le système d’aujourd’hui. Plutôt que d’avoir chacun une tondeuse ou une perceuse que l’on utilise une fois par mois et qui traîne dans le garage, et d’en produire 30, on pourrait en produire une seule. Elle serait au pire remplacée, mais cela consomme toujours beaucoup moins de ressources sur notre planète aux ressources limitées.

Ensuite, les objets seront conçus pour être le plus durable possible, sans obsolescence programmée comme aujourd’hui et changeables pièces par pièce, donc la réparation sera très facile, et n’obligera pas à reproduire un objet depuis le début.

Enfin c’est aussi un problème d’éducation, si l’on apprend à nos enfants à respecter le bien commun à l’école, ils deviendront naturellement respectueux. Si on regarde le cas du Rwanda, qui est le pays le plus propre du monde, on peut voir que pas un seul déchet, bouchon, plastique, papier ne traîne dans les rues. Ceci vient du fait qu’un programme de responsabilisation a été mis en place à l’école, où tous les derniers Samedi du mois, tous les habitants du Rwanda devaient ramasser les détritus dans la rue. Ce comportement vertueux a vite été intégré.

Que se passe-t-il si quelqu’un de malveillant cherche à récupérer des produits en excès dans les centres de distribution? Par exemple, s’il veut prendre toutes les pommes, ou toutes les perceuses?

Il faut garder à l’esprit que ce genre de comportement est souvent perçu avec un biais capitaliste. Dans une EBR pourquoi s’accaparer trop de pommes si on peut en avoir gratuitement le lendemain? Pourquoi voler une perceuse si on peut en emprunter une en quelques minutes? Si on cherche à la revendre, personne ne va l’acheter puisqu’on peut l’avoir à sa disposition gratuitement.

Alors bien sûr, il ne faut pas non plus être naïf, et dans quelques rares cas, certains, par manque d’éducation, pourraient être tentés de garder un objet chez eux. Ils pourraient avoir la “flemme” de le retourner. Ils pourraient être irrespectueux en gaspillant une ressource, par exemple des étudiants qui voudraient faire une grande bataille de tomates.

Mais on peut tout simplement mettre en place un système de puce pour la traçabilité avec, dans certains cas, des dates limites pour rendre les objets. Si un objet n’est pas utilisé, ce serait détecté par la puce, et une alerte SMS pourrait être envoyée pour inciter l’utilisateur à retourner son objet. Si un utilisateur fait preuve d’un comportement non respectueux répétitif, il pourrait écoper d’une forme de pénalité en ne pouvant plus emprunter l’objet pendant un temps.

Certaines personnes y voient une forme de société de contrôle, mais ça n’est pas le cas, c’est un service que l’on offre au citoyen pour lui permettre d’augmenter sa qualité de vie. S’il veut travailler pour se payer cet objet, il le pourra. Se plaindre d’un système gratuit, mis en place pour nous aider et le qualifier d’oppressif, c’est comme invectiver une personne qui vient nous aider à changer une roue crevée parce qu’elle ne travaille pas assez vite.

D’ailleurs le contrôle est le même sous une autre forme actuellement, avec un code barre, un prix et un vigile qui vous empêche de prendre tous les objets. Dans l’EBR, c’est simplement une incitation à la bonne conduite non intrusive. Le savoir vivre et le respect d’autrui sont absolument nécessaires dans une société où nous sommes nombreux. C’est simplement la mise en place d’un design qui favorise le comportement vertueux, comme un dos d’âne incite à ralentir près d’une école pour ne pas écraser les enfants.

Pour la nourriture, il n’y aura pas de rationnement, chacun pouvant manger selon ses besoins, son profil, son sexe, ses habitudes sportives, le nombre de calories nécessaires étant différentes pour tous. Mais on pourra mettre en place un système d’alerte en cas de comportement excessif, si quelqu’un prenait une quantité absolument démesurée de nourriture par rapport à une consommation naturelle. Alors oui, il se peut que cela déresponsabilise certaines personnes et que du gaspillage soit commis. Mais on peut reprendre l’exemple de l’éducation au Rwanda. On gaspillera tout de même beaucoup moins de nourriture que les 33% de nourriture qui sont jetés à la poubelle par les producteurs et les supermarchés parce que les fruits ou légumes sont biscornus ou qu’ils sont invendus. On évitera aussi de faire travailler inutilement le personnel qui permet cette vente, comme les caissières, les vigiles, les publicitaires, les comptables, etc.

Pierre-Alexandre Ponant

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