Mais ce que vous proposez c’est du Communisme, et on le sait, cela n’a jamais marché !

Voilà une question essentielle qu’il convient d’étudier avec précision, car malheureusement beaucoup de personnes utilisent ce terme pour définir un vaste ensemble de concepts, sans en comprendre les subtilités systémiques et historiques. Et on le sait, plus l’on diminue le nombre de mots d’une langue, plus on diminue le nombre de concepts avec lesquels les gens peuvent réfléchir. Plus on réduit les finesses du langage, plus les gens font preuve d’un raisonnement pauvre, et plus ils raisonnent à l’affect. La mauvaise maîtrise de la langue rend ainsi les gens stupides et dépendants. Ils deviennent des sujets aisément manipulables par les médias de masse.

Utiliser le terme “communiste” sans le comprendre, c’est donc une simplification lexicale et syntaxique de la langue destinée à rendre impossible l’expression des idées potentiellement novatrices et à éviter toute formulation de critique de l’État, l’objectif ultime étant d’aller jusqu’à empêcher l’idée même de cette critique. Soit l’on serait capitaliste, et peu importe la pauvreté et les dégâts écologiques qui en résultent, soit l’on serait communiste, et aucune solution viable ne pourrait exister pour que nous puissions vivre en harmonie dans un modèle économique soutenable, puisque cela dériverait nécessairement sur une dictature sanguinaire. Soyons un peu plus intelligents que cela et examinons les faits.

Dans un premier temps, nous allons faire un rappel historique sur l’histoire du marxisme, du socialisme et du communisme puis nous conclurons en montrant les différences majeures avec l’Économie Basée sur les Ressources.
Il est primordial de comprendre qu’historiquement le communisme n’a jamais existé, il est simplement resté au rang de socialisme. Dans sa version finale, le communisme est un monde décentralisé, sans État, sans classes et sans argent. Or, si l’on prend le cas de l’URSS tous ces principes étaient en opposition avec le communisme. L’Etat était hautement centralisé. L’URSS n’avait pas réussi à abolir les classes, puisqu’il y avait les paysans et les autres travailleurs d’un côté et la classe gouvernementale bureaucratique de l’autre, que l’on appelait les apparatchiks. Le salaire de ces apparatchiks était en moyenne 40 fois plus important que celui des travailleurs les plus pauvres. Et évidemment il y avait toujours de l’argent.

Il faut donc se méfier des étiquettes que l’on colle sur l’histoire. Parfois un mot ne traduit pas la réalité de la situation. Par exemple, on peut constater que les nations dont le terme “démocratique” fait partie du nom du pays, sont en moyenne beaucoup moins démocratiques que celles où ce terme n’est pas précisé. Il suffit de penser aux cas de la République Démocratique du Congo et de la République Démocratique de Corée, nom officiel de la Corée du Nord.

Par exemple, est-ce-que la Chine est véritablement une nation communiste? Tout le monde sait bien que la Chine est en réalité une nation capitaliste dont le modèle est celui de l’économie de marché, c’est-à-dire le modèle du profit et de la compétition qui sont aux antipodes du modèle marxiste. En 1993, le gouvernement chinois a même inscrit dans sa constitution le terme d’économie de marché socialiste..
En réalité, même si le gouvernement chinois est dirigé par un parti qui se fait appeler “Parti Communiste”, il s’agit d’une nation dirigée par un gouvernement autoritaire qui n’applique pas les principes du communisme.

Aujourd’hui le mot “socialisme” ne veut plus non plus dire grand chose tant il décrit de concepts antinomiques. Quel est le rapport entre le socialisme pratiqué à Cuba et le socialisme ultra libéral de Dominique Strauss-Kahn ou de Manuel Valls? Quel est le rapport entre le socialisme de Lénine et celui de Tony Blair? D’ailleurs, Hitler se réclamait aussi du socialisme à tendance nationaliste qu’il a appelé le nazisme, c’est à dire le national socialisme. Tous ces socialismes n’ont rien à voir les uns avec les autres et on les catalogue derrière un seul et même mot. On le voit bien que ces concepts ont été galvaudés avec le temps. Pourtant ils servent encore d’argument dans des débats de faible niveau cognitif.

Mais qu’est-ce donc que le socialisme et en quoi se différencie-t-il du communisme?

Le socialisme est une société axée sur le partage des richesses. Comme pour le communisme, il prévoit que les moyens de production soient détenus de manière publique et non de manière privée, et qu’une redistribution des richesses permette de bénéficier à tous, de manière équitable, et selon ses besoins. En termes modernes cela peut se traduire par une couverture médicale universelle plutôt qu’un régime d’assurances privées comme aux Etats-Unis, où quand cela coûte trop cher, certaines personnes malades n’ont pas les moyens de se soigner. Par contre, le socialisme ne s’oppose pas à la propriété privée et prévoit un rôle de contrôle important de l’Etat. Le socialisme était vu par Marx comme la phase de transition vers le communisme par la mise en place d’une dictature du prolétariat. Le philosophe anarchiste Bakounine a d’ailleurs eu une vision prémonitoire en jugeant cette transition dangereuse et ne pouvant déboucher que sur un Etat omniprésent et autoritaire. C’est exactement ce qui est arrivé en URSS. Mais l’URSS n’a jamais été communiste. C’était un État socialiste centralisé et autoritaire. Certains historiens estiment même qu’il n’a même jamais été socialiste, mais que c’était en réalité un régime capitaliste d’Etat, comme la Chine actuelle.

L’ironie de la critique du communisme par les capitalistes.

Ce qui est amusant, c’est que si l’on compare le fonctionnement interne d’une grande entreprise capitaliste à celui d’une société socialiste comme en URSS, on observe exactement le même schéma d’organisation. A l’intérieur d’une grande entreprise capitaliste, il y a une centralisation des décisions avec une bureaucratie importante. Tous les secteurs fonctionnent de concert dans un même but commun. Que ce soit le service marketing, comptabilité, informatique, logistique, production, etc. Les décisions sont prises par un conseil centralisé sans liberté individuelle, et tous les individus doivent obéir pour contribuer à la finalité commune qui n’est pas ici le bonheur et la liberté du peuple, mais celle de rapporter le plus de profits possible aux actionnaires, objectif encore moins louable. Les moyens de production sont tous collectifs et détenus non pas par les individus mais par l’entreprise elle-même qui possède tous les bureaux, les chaises, les ordinateurs, les machines…

Et ce que l’on constate, c’est que dans ce monde capitaliste ultra libéral, les entreprises qui dominent deviennent de plus en plus grosses et de plus en plus monopolistiques en rachetant leurs concurrents et en évinçant les autres avec des moyens financiers contre lesquels elles ne peuvent pas lutter. Ces entreprises deviennent des monstres gigantesques, au pouvoir plus important que certains Etats. Par exemple, Apple est maintenant plus riche que le PIB de certains grands États comme l’Italie, le Brésil, le Canada, la Russie ou la Corée du Sud. On arrive donc à une forme de multipolarité avec des entreprises au fonctionnement bolchévique et anti démocratique par nature qui font la loi dans le monde, pour le profit, toujours le profit. Ainsi seules 100 entreprises sont responsables de 71% des émissions mondiales de CO2.

En quoi l’Économie Basée sur les Ressources se différencie du socialisme et du communisme ?

– L’EBR est un système qui est décentralisé au maximum, car les moyens de production sont situés au niveau local, et les décisions démocratiques sont basées sur un système local et fédéral.
– La création d’une Assemblée Constituante tirée au sort, renouvelée en permanence permet un contrôle direct du peuple sur ses acteurs et empêche une élite de de s’accaparer le pouvoir et de s’y maintenir.

– L’EBR n’est pas une économie de marché basée sur la rareté et la nécessité d’un échange monétaire, puisqu’elle crée une abondance de ressources, de biens et de services grâce à la technologie. Ceci permet à tous de ne pas vivre selon ses besoins comme le préconisait Marx, mais bien au-dessus de ses besoins. D’ailleurs Marx passe sous silence les désirs humains dans sa célèbre formule “de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins”. Or l’EBR ne s’oppose pas au désir humain et tout le monde peut créer et entreprendre des choses non indispensables, tant que cela n’entrave pas la renouvelabilité des ressources terrestres. Un système monétaire éthique est conservé pour cela. Pourquoi empêcherait-on quelqu’un de s’offrir un vase artisanal, un tatouage, ou une décoration en céramique par un système d’échange si cela n’est pas un besoin mais seulement un désir? Contrairement à la théorie marxiste, l’EBR distingue donc le besoin des désirs et ne cherche pas qu’à combler les besoins.

– L’EBR n’interdit pas la propriété, elle promeut une société de l’accès gratuit. Personne ne sera interdit de posséder quelque chose mais les gens utiliseront naturellement plus les choses qu’on leur fournit gratuitement.

–  Le socialisme se base sur un système monétaire qui ne cherche pas à optimiser les ressources, l’impact écologique, la résilience et la durabilité.

– L’EBR ne s’établit pas via une révolution ou une dictature du prolétariat, mais par un plan pacifique, constructif et progressif en construisant une société de l’abondance et de l’accès. Ceci permet à chaque citoyen, riche ou pauvre d’être tiré vers le haut avec une amélioration de son niveau de vie. Ceci contraste avec l’idéal révolutionnaire marxiste qui se base sur la spoliation de la propriété comme en URSS où les propriétés des riches étaient confisquées.

– Dans sa phase finale l’EBR n’a pas d’armée.

– Il n’y a pas d’obligation de travailler pour survivre, puisque la nourriture, la santé, l’éducation et le logement sont accessibles sans condition, ce qui exclut toute contrainte despotique et maximise la liberté et le choix.

– L’EBR apporte une méthodologie pour évaluer et améliorer les fonctions du système par des décisions basées sur les données et l’état de nos ressources. Par le passé, c’était une approche bureaucratique lourde qui manquait de méthode scientifique. Dans une EBR elle serait totalement dématérialisée et ne nécessiterait pas d’intervention humaine grâce à un centre logistique informatisé open source. Une des erreurs d’analyse de Marx dans son manifeste du parti communiste était la suivante “Jusqu’ici l’histoire des sociétés existantes est l’histoire de la lutte des classes. En l’état actuel des connaissances il faudrait réécrire cette phrase de la manière suivante :” L’histoire des civilisations a été celle de l’histoire de la mauvaise gestion des ressources dans un monde de la rareté.”

L’EBR promeut la création de nouvelles villes écologiques sans voitures qui permettent l’optimisation de la distribution des ressources.

– Les tâches sont accomplies lors d’un service civique de quelques heures par semaine. Le système de points du service civique distingue la pénibilité des tâches et ne met pas tout métier à égalité contrairement à la théorie marxiste, car certains sont plus pénibles ou demandent plus de travail ou d’efforts.

– Un système d’incitation à la productivité est inhérent aux tâches du service civique puisque toute tâche finie plus tôt ou en avance diminue le temps de travail.

– Et surtout il n’y a pas de goulags 😉 !

En résumé, si l’on cherche à critiquer l’EBR en la comparant – stupidement –  aux régimes soviétiques, cubain, chinois ou nord coréen, on doit être plus précis sur ce qui fait craindre que l’EBR soit un échec politique ou un monde totalitaire. Et là on arrive vite à court d’arguments. Qu’est ce qui poserait problème? Si l’on promeut un monde de l’accès avec le prêt des objets, va-t-on finir au goulag? Lorsque l’on emprunte un vélib, va-t-on être torturé? Lorsque l’on fabrique des objets plus durables et écologiques risque-t-on de basculer en dictature? Lorsque l’accès à la nourriture est gratuit, doit-on craindre pour sa sécurité? Si l’on plante des arbres fruitiers dans la ville, doit-on craindre une famine? Quand on demande à un détracteur de l’Économie Basée sur les Ressources, quel point précis le dérange, on arrive vite à des bégaiements ou un vide sidéral. C’est simplement parce que le discours de ce contradicteur était en réalité une argumentation confuse et manquant de finesse intellectuelle.

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