Un système de création et de distribution des ressources connecté directement aux citoyens

Certains économistes dépassés prétendent que c’est seulement grâce à la mécanique de fixation du prix et de l’intérêt du consommateur que l’on peut savoir ce que l’on doit mettre sur le marché. La vérité est, qu’à l’heure d’internet, il serait beaucoup plus intelligent d’avoir des interfaces de demandes et de designs d’objets fournis directement aux consommateurs pour savoir ce qu’ils désirent. Alors, peut-on trouver un système alternatif au système actuel, sans besoin de prix, de valeur de propriété subjective ou d’échange? Peut-on trouver un modèle qui faciliterait le retour d’information avec un respect pour la préférence du consommateur, la demande, la valeur du travail, la rareté des ressources ou des composants?

Ce système existe : nous proposons tout simplement d’éliminer l’échange et de créer un système de contrôle direct avec un lien de retour d’information entre le consommateur et les moyens de production. Le consommateur devient partie intégrante des moyens de production et le complexe industriel ne devient rien de moins qu’un outil auquel le public peut accéder pour générer des biens. Dans une EBR tout le complexe industriel sera holistique et homéostatique. Il sera interconnecté, depuis les logiciels de designs, aux usines de production, en passant par les centres de distribution et les usines de recyclage. Il sera aussi directement connecté aux consommateurs qui pourront faire évoluer leurs demandes et créer des objets sur une grande plateforme open source de design et d’ingénierie assistée par ordinateur.

Comment cela fonctionne-t-il? Tous les citoyens pourront se connecter à un site internet du service public qui serait une Interface Collaborative d’Accès et de Design d’Objets (ICADO). Cette interface remplirait essentiellement le rôle de nouveau marché. Ce serait un marché des idées, une véritable économie de la connaissance. Cette interface serait en fait un grand site internet catalogue d’objets, améliorables en temps réel par chaque citoyen, ingénieurs, inventeurs, techniciens ou personnes de la société civile. Les plans de ces objets seraient totalement open source, ce qui en ferait une sorte d’encyclopédie des objets à l’instar de Wikipédia. Le site internet comprendra une interface collaborative de design et un logiciel d’ingénierie assisté par ordinateur. Ce système sera intuitif et facile d’utilisation. Dans ce système, c’est le public qui a la capacité de proposer des idées d’objets, d’améliorer les prototypes existants, et de les faire évaluer par la communauté. Enfin, la capacité de générer une diversité de modèles et de couleurs sera intégrée dans les outils de production qui seront connectés directement au consommateur avec l’interface collaborative de design. Les logiciels d’ingénierie actuels sont très performants car ils incluent aussi les lois et contraintes physiques. On ne voit plus juste le modèle de l’objet en 3D, mais il peut aussi être testé sur le champ, virtuellement. C’est d’ailleurs ce qu’ils font pour tester dans l’industrie automobile aujourd’hui. Bien sûr tout le monde n’a pas à s’engager dans le design, seuls les gens que cela intéresse, mais on pourra bénéficier de cette formation à l’école.

À chaque fois qu’un objet a été approuvé, et qu’il respecte certains critères d’éco-durabilité et de conceptions que nous détaillons dans cet article, il est stocké gratuitement dans la base de données. La production de ces objets sera assurée par un grand service public industriel, et ils seront gratuitement accessibles dans des centres d’accès – des objetothèques –  fonctionnant comme des sortes de bibliothèques de prêt d’objets. Les objets à usages quotidiens ou très fréquents pourront être obtenus gratuitement. Ainsi la demande viendra immédiatement du citoyen, et il y aura un retour d’information immédiat pour améliorer l’objet à tout moment si cela est nécessaire. Ce système permet de remplacer la publicité et le modèle de proposition unidirectionnel de biens de consommation où l’on a aujourd’hui des entreprises qui vous disent ce que vous devez acheter. Cette possibilité de créer pour chaque citoyen amènera une véritable émulation, car les gens seront fiers de voir que l’on utilise leurs produits et auront tous pour la première fois la capacité d’accéder à des outils de production. Si certains objets ne rencontrent pas d’intérêt auprès du public, ils ne seront tout simplement pas produits.

L’interface permet aussi de personnaliser son produit car, aujourd’hui, beaucoup de biens sont créés sans retour du consommateur. Un acheteur peut très bien ne pas prendre un objet juste parce qu’un détail le gêne, comme la couleur. Ce détail pourrait être facilement modifié, ce qui éviterait d’avoir fait tout un travail de conception pour rien. Aujourd’hui nous avons la technologie pour pouvoir personnaliser des objets depuis le site de production sans nécessiter un travail supplémentaire important. Par exemple, sur des sites d’impression en 3D comme Thinginverse, on peut modifier les couleurs, choisir entre les différents designs d’objets à imprimer ou encore sélectionner des modules différents. Cette méthode de gestion est tout sauf un modèle planifié de manière centrale et dans lequel une élite déciderait de ce que l’on doit produire. À l’inverse d’un monde dans lequel tous les objets se ressembleraient, la créativité et la diversité pourront être décuplées car les machines industrielles seront conçues pour permettre cette flexibilité dans la création d’objets de designs différents, et ce, avec un seul type de machine. Le système de l’accès «à la demande» serait beaucoup plus efficace car il permet d’éviter d’utiliser trop de ressources pour des choses qui ne vont pas se vendre. Il permettrait d’éliminer pratiquement totalement le besoin d’une ingérence gouvernementale dans le processus de production. Grâce à l’ICADO, on pourrait avoir une production de masse à la demande alliée à une production à l’échelle locale. Avec un modèle qui fonctionne à flux tendus, on élimine tous les coûts de stockage, de transport et le gâchis lié à la surproduction, ce qui serait une formidable avancée écologique sachant qu’aujourd’hui il y a plus de 75% de pertes lors de la production de biens. Quand on sait qu’Amazon aurait jeté 3,2 millions de produits en 2018, parce que cela leur revient moins cher que les frais de stockage ou de les distribuer à des associations, on se rend compte à quel point notre système de distribution est améliorable. Grâce à l’ICADO, on passera enfin à une économie du zéro gâchis ce qui mettrait fin à l’une des plus grandes absurdités du capitalisme.  

 Si vous souhaitez en savoir plus sur le fonctionnement des objetothèques vous pouvez consulter cet article:

Si vous souhaitez savoir quels objets seront produits pour les objetothèques vous pouvez consulter cet article:

Pierre-Alexandre Ponant

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